La récente enquête de l’Ipsos est sans appel : les jeunes entre 16 et 19 ans se détournent de plus en plus de la lecture, et les jeunes passent 10 fois plus de temps sur les écrans qu’à lire. Pourtant, sur TikTok, la sphère BookTok ne s’est jamais aussi bien portée. Les utilisateurs des réseaux deviennent influenceurs, les piles à lire se constituent grâce aux conseils de créateurs et créatrices de contenu de plus en plus suivi·es. Près de la moitié des visiteur·euses du Festival du Livre de Paris en 2023 avaient moins de 25 ans, et pour l’édition de 2024, une programmation spécifique au public Young Adult a été organisée (et c’est d’ailleurs nous qui la programmons !). Ces chiffres ont été possibles grâce au partenariat de TikTok pour l’édition de 2023, plateforme qui est une véritable fabrique à best-sellers. Colleen Hoover a ainsi vendu plus de 20 millions de livres grâce à la puissance des réseaux sociaux littéraires, entre autres.
Alors que comprendre, quoi conclure ? D’un côté, nous entendons les perpétuels « de mon temps, les jeunes lisaient davantage » ou « la lecture se perd au profit des écrans ». Les médias traditionnels font leur beurre des constats alarmants prouvés par des études qui montrent que la lecture est en net recul chez les 15-25 ans. De l’autre côté, les éditeurs francophones créent tous des profils sur TikTok, conscients qu’il faut partir à la conquête des lecteurs et lectrices déjà présent·es sur la plateforme.
Alors que des couvertures sur les tables des librairies arborent les fameux autocollants « vu sur BookTok », un regard noir est lancé sur les réseaux sociaux qui prennent de plus en plus de place dans nos journées.
Marion mène l’enquête pour démêler le vrai du faux.
Sommaire du dossier
Ce que disent les études
BookTok, entre méfiance et fascination
Une journée dans la vie d’une Booktokeuse
Les nouvelles pratiques de la lecture
1. Ce que disent les études de BookTok
Mon portable tinte joyeusement : une notification m’informe que j’ai reçu un nouveau message WhatsApp.
« Vous avez vu le rapport de l’Ipsos ? ». Avant même de cliquer sur le lien, un deuxième message apparaît dans le groupe de discussion : « ALARMANT ! », aussitôt orné d’une flopée d’emojis tristes et en colère. L’Ipsos, c’est une entreprise de sondages française. Et ce groupe WhatsApp, c’est mes amis éditeurs et autres professionnels réunis pour échanger à propos des dernières actualités qui concernent le monde du livre. [...]
Cet article est réservé aux membres de Cornée Mag
Commentaires