Qu'arrive-t-il aux livres invendus ?
Dernière mise à jour : 8 juin

Vous êtes-vous déjà demandé ce qui arrive aux livres qui ne sont pas vendus, soit parce qu’ils sont abimés, soit parce que personne ne les achète ?
Après tout, les livres ne sont jamais « soldés », et ceux qui sont détériorés sont vendus au même prix que les neufs. Alors qu’arrive-t-il aux livres dont personne ne veut ?
En 2021, une enquête a été réalisée par le SNE (Syndicat National de l’Édition) afin de recenser les tonnages de livres transportés par les distributeurs. Cette enquête s’appuie sur des chiffres relevés de 2018 à 2020. Les éléments présentés sont une extrapolation de l’ensemble du marché.
Pour comprendre cette enquête, il est important de comprendre ce qu’est le flux.
Le « flux aller » désigne le tonnage des livres qui sont transportés par le distributeur jusqu’aux points de vente (les librairies, les espaces culturels, les hypermarchés, etc).
Cela concerne environ 199 100 tonnes par an.
À l’inverse, le « flux retour » est le tonnage de livres transportés des points de vente vers les centres de distribution, c’est-à-dire les ouvrages invendus.
Ce flux retour représente 21,1 % du flux aller, avec 42 200 tonnes de livres par an.
Mais pourquoi les livres sont-ils retournés ? Plusieurs raisons existent :
– ils ne se vendent pas (et encombrent donc les rayonnages) ;
– ils sont abimés (manipulation en librairie, ou livres jeunesse dont il manque des autocollants par exemple) ;
– il y a eu un souci de stockage.
Ces livres concernés ne retournent pas auprès de leurs éditeurs, car il est impossible pour les maisons d’édition de les trier.
On manque de temps et de personnel ! Ainsi, pour des questions de coûts de main-d’œuvre, le moins cher reste de pilonner ces livres… Une abération écologique pourrait-on penser. Mais en édition, le temps, c’est de l’argent…
Dans le domaine de l’édition, le pilon désigne à la fois les exemplaires des livres destinés à être détruits et la « machine » destinée à cet effet.
Sur 42 200 tonnes par an :
– 26 300 sont pilonnées ;
– 10 800 sont réintégrées au stock ;
– 5100 sont triées par l’éditeur.
Pour la grande majorité des éditeurs, vendre ces livres à prix cassés plutôt que de les pilonner poserait un problème. Le marché du livre est déjà un marché saturé qui s’effondrerait si ces livres se retrouvaient sur le marché à moitié prix. De toute façon, la loi l’interdit : on ne peut pas brader les livres qui sont neufs, même s’ils sont abimés.
Ceci dit, c’est que 100 % des livres pilonnés sont recyclés.
On constate également que sur les trois dernières années, le taux du flux retour a considérablement baissé. Pour autant, le transport pose problème : ces livres sont acheminés, souvent de Chine, pour être ensuite pilonnés en France, après avoir passé un court temps dans les rayonnages d’un point de vente…
Quel est ton avis sur la question ?
De mon côté, je peux te conseiller Le livre est-il écologique ? Matières, artisans, fictions de Wildproject/Manifeste. Le SNE se doit bien sûr d’être neutre. Ce livre ne l’est pas et m’a ouvert les yeux sur bien des sujets auxquels on ne pense pas forcément quand on se balade en librairie !